Multi-Amping pour tous les goûts – P3EASY & PCABSW4X – Un test publié sur Soundcheck

Palmer Guitar Tools Ptino, P3Easy & PCABSW4X

Plusieurs enceintes, plusieurs amplis : pas de problème !

Quand on utilise, sur scène, plusieurs guitares différentes, on les range sur des pieds. Les pédales, dans un pédalier ; les effets, dans un rack… Mais comment procéder pour utiliser, en toute sécurité et facilement, plusieurs amplificateurs ou enceintes pour guitare ? Dans sa gamme Guitar Tools, Palmer possède les outils adéquats, assurant une utilisation sans heurt.

C’est bien connu, les guitaristes aiment les beaux appareils, et n’en ont jamais assez. C’est pourquoi, au fil du temps, ils amassent toutes sortes d’instruments, d’effets, et souvent aussi plusieurs amplificateurs ou enceintes pour guitare. Dès qu’on veut déployer ces appareils de façon rationnelle, en studio ou sur scène, tout se complique. Et pas seulement à cause du temps passé en montage/démontage, mais aussi parce que combiner facilement différents amplificateurs et/ou enceintes n’a rien d’évident.

Souvent, après avoir monté et branché des configurations multi-amplificateurs et enceintes, apparaissent des problèmes spécifiques, obligeant à acquérir des accessoires supplémentaires pour assurer les commutations. Palmer se préoccupe de ces aspects depuis longtemps, et propose, dans sa gamme Guitar Tools, des solutions bien pratiques, à la hauteur de situations parfois délicates. Nous vous en présentons trois dans ce banc d’essai.

Tous les appareils Palmer testés ici possèdent un boîtier en tôle d’acier très solide ; ils sont équipés de connecteurs et de sélecteurs d’une grande robustesse. Le fond déborde vers l’arrière de la pédale, sous les connecteurs, et il est percé de deux trous permettant de la fixer solidement dans un pédalier. Sur la durée, deux vis tiennent toujours mieux le coup que des solutions à base de ruban adhésif ou de gaffer. En ce qui concerne les boîtiers de commutation, destinés, pour des raisons pratiques, à rester à proximité de l’amplificateur, pas de trous de fixation. Il est de toute façon probable que personne ne visserait une telle boîte directement sur sa tête d’ampli ou son combo.À l’intérieur dudit boîtier, on ne trouve que des composants de haute qualité, assemblés avec soin. En bref, de la qualité traditionnelle “Made in Germany”, au meilleur sens du terme– ce qui a bien sûr une incidence au niveau du prix. Toutefois, en comparaison avec nombre de produits “boutique” originaires d’Outre-Atlantique, ces prix restent somme toute modérés.

Pédales/sélecteurs et boîtiers de commutation fonctionnent sur alimentation externe – le bloc secteur (multitensions) de calibre correspondant n’est pas forcément livré.

En effet, les circuits de commutation de ces trois routeurs de signaux sont de type actif, et les relais haut de gamme utilisés sont assez gourmands en courant. Avec des piles comme source d’énergie, on n’irait guère loin… À noter : les boîtiers de commutation sont toujours alimentés depuis leur pédale/sélecteur. Voilà pour les généralités. Il est temps à présent d’examiner chaque modèle en détail. Pour entrer plus facilement dans le vif du sujet, commençons par le modèle P3Easy, un “splitteur de signal” 3 sorties. En effet, l’envoi d’un même signal vers trois amplificateurs différents est assez facile à implémenter et à comprendre. En fait, on pourrait parfaitement accomplir cette tâche sans électronique, avec un boîtier de commutation passif à sélecteur mécanique.

Alors, il suffit d’envoyer le signal de la guitare dans un splitter, de diriger la sortie A vers le premier ampli, la sortie B vers le deuxième, et c’est tout ? Ce n’est pas aussi simple… Car très vite, les premiers points d’achoppement se manifestent. Par exemple, le plus souvent, dès qu’on relie le boîtier au second amplificateur, une grosse ronflette apparaît.

Eh oui ! Comme il existe deux chemins de masse différents, nous venons de constituer une magnifique boucle de masse. Il faut donc découpler les masses des signaux, ce qui implique l’utilisation d’un transformateur audio assurant une isolation galvanique totale entre les deux sorties. C’est ce qu’on trouve sur le P3Easy. Les sorties .1• et .2• transportent le signal en “flottant” (sans référence à la masse), et la troisième est mise à la masse, afin que les dispositifs antiparasites et bruits de fond de la guitare puissent fonctionner normalement. Si on n’utilise pas cette sortie vers un amplificateur, ou si on l’envoie par exemple à un accordeur, la liaison à la masse via l’entrée de l’amplificateur ne sera pas effective.

Dans un tel cas de figure, la sortie “1” est commutable, via un sélecteur, entre les positions “Lift” (flottante par rapport à la masse) et “Ground” (référencée à la masse). Les concepteurs ont donc bien réfléchi. En revanche, ils n’ont pas pensé à doter le P3Easy d’un mode Bypass matériel en cas d’urgence (renvoi direct de l’entrée vers la sortie) Si le boîtier perd sa tension d’alimentation (défaillance du bloc secteur, câble débranché par un chanteur courant partout…), le signal de sortie est coupé. Autrement dit, plus de jus, plus de son ! C’est plutôt radical… Les développeurs auraient pu prévoir un mode d’urgence, dans lequel le signal d’entrée basculerait automatiquement (bypass matériel) sur la sortie 1. Ce qui permettrait au moins de finir le morceau avant de se lancer dans le recâblage. Ce petit bémol mis à part, on doit admettre que le P3Easy se comporte impeccablement. La commutation entre les trois sorties s’effectue avec souplesse, sans aucun bruit parasite. Encore plus important : la qualité sonore reste identique à celle d’une liaison directe à l’amplificateur, sans aucune altération. Le préamplificateur intégré, à base de FET, travaille en classe A ; il augmente le niveau du signal et modifie son impédance de sortie. Un gage de transparence optimale, puisque le signal ayant quitté les micros de la guitare sous une impédance de sortie très élevée attaque l’entrée de l’amplificateur de guitare avec une impédance assez basse. Sans cette manipulation, on souffrirait d’une perte dans les aigus, puisqu’un signal transporté sous haute impédance voit son spectre modifié par le filtre passe-bas constitué par le câble de liaison à l’amplificateur, d’une capacité et d’une résistance non négligeables. Bilan : un gain de qualité. Ce point mis à part, l’insertion du P3Easy dans le chemin du signal est vraiment indécelable au niveau du son.Signalons, pour ceux qui désireraient pouvoir jouer deux amplificateurs simultanément, que le grand frère du P3Easy, le “Triage”, offre cette possibilité, et quelques unes de plus.

Avec le Ptino Two in One, Palmer poursuit un autre but. Certes, on peut aussi se servir de cet outil pour choisir entre deux amplificateurs. Mais ici, la fonction de base est de commuter à volonté deux têtes sur une même enceinte. Ce qui évite pas mal de stress en conditions de concert… Les avantages : moins d’appareils à transporter, une seule enceinte pour la prise de son, et un accès direct à deux amplificateurs qui peuvent être de caractères tout à fait différents. Compte tenu des tensions élevées circulant de l’amplificateur à l’enceinte, leur commutation n’a rien de facile, et peut poser des problèmes de sécurité. Autrement dit, les solutions coûtent un certain prix puisqu’elles reposent sur des aspects matériels difficilement contournables. C’est pourquoi le Ptino comprend, lui aussi, deux parties – pédale de sélection et boîtier de commutation – reliées par un câble de contrôle équipé de connecteurs XLR 5 points. Ce câble spécifique est livré avec le système. D’une longueur de 6 mètres, il convient à la plupart des cas d’utilisation. Il alimente le boîtier de commutation et transporte le signal de contrôle et le signal audio de la guitare. La pédale est pour sa part reliée d’une part au bloc secteur, d’autre part à la guitare.

C’est au niveau du boîtier de commutation qu’on branche les têtes d’amplification, comme pour une boucle d’effets. Rappelons qu’il est absolument impératif et essentiel, pour des amplificateurs à lampes, de ne jamais fonctionner “à vide” (sans charge connectée), donc sans enceinte. Lors de la commutation, le Ptino coupe, par opto-coupleur, les entrées des amplificateurs. Puis il ouvre et ferme le relais correspondant aux sorties haut-parleur des deux têtes. Il suffit donc d’utiliser deux résistances de petit calibre pour charger l’amplificateur inutilisé. Pour des raisons de sécurité, toutefois, Palmer recommande de vérifier que l’impédance de l’enceinte est compatible avec les conditions de fonctionnement des deux têtes. Évidemment, le Palmer “Two ln One” n’est pas le seul système en son genre sur le marché. Il est toutefois d’une telle souplesse qu’il permet de travailler de la même façon avec deux amplificateurs à lampes, à transistors, ou même avec un mélange des deux technologies. Les produits concurrents comparables ne le permettent pas. Par conséquent, il faut se décider, au préalable, pour une combinaison ou une autre. Si vous possédez deux enceintes, mais les utilisez rarement simultanément, le Ptino peut aussi faire office de commutateur A/B “ordinaire”.

Sur de grandes scènes, on peut alors utiliser les deux enceintes, alors qu’en salle de répétition ou dans de petits clubs, une seule enceinte suffit. Ce commutateur se distingue non seulement par sa souplesse, mais aussi par sa rapidité d’action. Grâce à cette commutation à “bas” niveau, le passage d’un état à l’autre est si rapide qu’on ne perçoit aucune interruption de son. Le bruit de commutation est vraiment très faible.

L’action du Ptino est donc inaudible. On trouve sur le boîtier de commutation des potentiomètres de gain de sortie 1 et 2, permettant de baisser légèrement le niveau du signal d’entrée ou de l’amplifier (maximum + 9 dB). J’ai trouvé un petit détail irritant : le gain unitaire ne correspond pas au milieu de la course des potentiomètres, mais à la position 1 heure, en fait même un peu avant. Ce serait quand même plus facile si le gain 1 à 1 correspondait à la position midi !. Il faut donc être un peu plus précis et se concentrer davantage. Ce détail mis à part, nombre de guitaristes seront heureux de bénéficier de cette réserve supplémentaire de gain, et ne manqueront pas de manipuler les potentiomètres. Autre point faible : ici non plus, pas de Bypass matériel. En cas de coupure d’alimentation du système Ptino, aucun amplificateur ne reçoit de signal, afin d’éviter tout dommage aux lampes. Silence sur scène, donc. La chaîne du signal est interrompue, et tout le monde regarde le guitariste d’un sale oeil… Mais le reste du temps, si on a correctement câblé le système (câble de contrôle, câble instrument assez long, 2 câbles instrument courts, 3 câbles haut-parleur) et bien réglé les potentiomètres de gain, le Ptino fonctionne parfaitement, et facilite la vie du guitariste… Tout comme celle de l’ingénieur du son façade, qui n’a à gérer qu’une seule enceinte de guitare, donc un seul micro, donc une seule voie de console.

Pourquoi se contenter d’une seule enceinte de guitare ? Palmer a ce qu’il vous faut… En effet, le commutateur d’enceintes PCABSW4X permet d’alimenter, via un même amplificateur, jusqu’à quatre enceintes différentes ! C’est vrai, tout le monde n’utilise pas quatre enceintes. Cet appareil est donc un outil pour spécialiste ou pour un magasin de musique désirant présenter ses produits dans les meilleures conditions. Mais tous ceux qui aiment entendre leur son passer par des enceintes différentes, en toute sécurité, se réjouiront. Imaginons qu’on désire essayer, en studio, plusieurs enceintes différentes sur un même ampli sans perdre de temps à brancher/débrancher, ou, sur scène, passer facilement d’une enceinte close 2 x 12 pouces, typée heavy rock, à une enceinte ouverte 4 x 10 pouces pour un son plus clair et mordant. C’est une expérience que chacun devrait tenter : on découvre ainsi à quel point le son peut changer d’une enceinte, voire d’un type de haut-parleur à un autre. Essayez, vous verr… vous entendrez !

Ici encore, l’appareil comprend deux parties : la pédale/sélecteur (“412 Cab”) et le boîtier de commutation (“Switchbox 4”), reliés par un câble XLR 5 points. Dans ce cas, il faut veiller à placer la Switchbox de façon à éviter toute longueur de câble superflue. Avant tout, il faut faire très attention au câble spécial. En cas d’urgence, il peut être difficile d’en trouver rapidement un de rechange. L’alimentation continue (bloc secteur délivrant 15 Volts, livré pour une fois !) et le câble issu de la guitare se branchent tous deux sur le sélecteur au pied. Un autre câble instrument va à l’entrée de l’amplificateur. La sortie haut-parleur de l’amplificateur est reliée à la Switchbox, qui l’envoie à celle de ses sorties sélectionnée via la pédale. Jusqu’ici, tout va bien… Mais il reste un risque ! Si on désire utiliser le système avec un amplificateur à lampes, il faut bien veiller à ce que les quatre sorties soient reliées à une enceinte, ou faire vraiment très attention à ne pas sélectionner une sortie où rien n’est branché. Sinon, l’étage amplificateur à lampe fonctionne “à vide”, ce qui peut se traduire par divers dommages, par exemple au transformateur de sortie.

Le fabricant lui-même conseille lui-même dans le Manuel Utilisateur, pour ne jamais sélectionner une sortie “à vide”, d’y connecter une charge quelconque, ou de “condamner” le sélecteur correspondant. Ce n’est sans doute pas la solution la plus élégante, mais elle a au moins le mérite d’éviter tout accident. Autre conseil important : vérifier l’adaptation d’impédance entre les enceintes et l’amplificateur. Enfin, si une ronflette apparaît, vous pouvez toujours essayer de “lever la masse”, par l’intermédiaire du sélecteur Ground/Lift situé près de l’entrée jack pour la guitare. Une troisième fois, je déplore l’absence de Bypass matériel. Plus de tension, plus de son… À part cela, le système fonctionne impeccablement, tout en souplesse, sans aucun parasite ni craquement, et sa neutralité sonore est totale.

On prend vraiment plaisir à pouvoir faire passer rapidement le son dans toutes les enceintes à la suite, et à écouter les différences de son de l’une à l’autre. Naturellement, la technique permettant ces commutations rapides a un prix. Celui du PCABSW4X semblera élevé à certains. Mais les fétichistes du son et les accros au studio n’en seront pas découragés pour autant.

Pouvoir accéder à des possibilités sonores accrues est toujours attirant – ce mot de la fin s’applique aux trois outils Palmer que nous avons testés.

Vous trouverez ici toutes les informations concernant ces produits :

P3EASY: http://www.palmer-germany.com/mi/fr/3EASY-Selecteur-d_039Amplificateur-P3EASY.htm

PCABSW4X: http://www.palmer-germany.com/mi/fr/PCABSW-4-X-Selecteur-de-Baffle-Guitare-PCABSW4X.htm

PTINO: http://www.palmer-germany.com/mi/fr/TINO-Selecteur-d_039Amplificateur-2-Amplis-vers-1-Baffle-PTINO.htm

Source: Soundcheck Magazine, Allemagne, Novembre 2010

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